1819-1830

Herman Melvill naît le 1er août 1819 à New York, au n° 6 de Pearl Street. À proximité des quais, cette artère du sud- est de Manhattan constituait alors le centre du commerce d'importation des textiles de France et d'Angleterre.

Herman est le troisième des huit enfants (et le second fils) de Maria Gansevoort et Allan Melvill. Du côté maternel, ses aïeux sont des patriciens d'origine hollandaise, dont le plus prestigieux est le général Peter Gansevoort, d'Albany, héros de la révolution américaine. Du côté paternel, une lignée de commerçants écossais. Le père d'Allan, le major Thomas Melvill, de Boston, a lui aussi joué un rôle glorieux pendant la guerre d'indépendance.

New York, qui compte alors 130 000 habitants, est devenu en deux décennies le port le plus actif de la côte nord-est. Croissance prodigieusement rapide mais anar — chique : la ville a gardé un caractère semi-rural, et elle est périodiquement touchée par des épidémies de typhus et de fièvre jaune.

Le père de Herman importe de France ce qu'on appelait des « nouveautés ». À partir de 1826, l'économie nationale entre dans une période de stagnation. Allan Melvill résiste mal à la brutale concurrence britannique et ses affaires commencent à péricliter. Il doit faire des emprunts de plus en plus importants à son père ainsi qu'à son riche beau-frère, Peter Gansevoort, qui devient peu à peu le soutien financier de la famille. Celle-ci déménage trois fois entre 1820 et 1830, pour s'installer à l'automne 1830, après la faillite d'Allan, à Albany, capitale de l'État de New York, à proximité des Gansevoort. Là, Allan travaille comme employé dans une fabrique de fourrures.

Aux yeux du père, Gansevoort, de quatre ans l'aîné de Herman, fait figure de prodige scolaire. Allan écrit de Herman qu'il a la compréhension un peu lente. Pourtant, il semble bien réussir lui aussi. En 1828, il reçoit le titre de meilleur orateur de l'école privée de New York où il poursuit ses études (des études qu'on dirait aujourd'hui plus commerciales que classiques). Trois ans plus tard, au collège d'Albany, il obtiendra le 1er prix de comptabilité.